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des églises du désert.

D’autres mesures plus graves, et d’un caractère plus inquisitorial, avaient été adoptées par la cour à peu près vers ce temps. Une nouvelle guerre, suscitée par des intérêts de commerce, entre l’Angleterre et l’Espagne, avait été étouffée en son germe par la politique conciliatrice du cardinal de Fleury. Il en résulta une nouvelle activité commerciale entre la France, et l’Allemagne surtout, où l’esprit de spéculation lointaine s’était vivement développé par les entreprises de la compagnie d’Ostende, protégée par l’Empereur, et dont les navires sillonnaient déjà les mers de la Chine et de l’Inde britannique. Tout cela avait également excité l’ardeur industrielle et des réfugiés et des Languedociens. Il s’en était suivi des communications industrielles et des voyages fréquents. Car dans ces temps encore assez voisins de la grande émigration des huguenots, on avait vu des familles de négociants ou de manufacturiers quitter en partie leur province et leur pays, et, d’autre part, laisser une branche en France sur le théâtre de leur ancienne prospérité. La portion régnicole de la famille réfugiée, obligée de se plier aux édits, figurait parmi les nouveaux convertis, et servait en même temps de comptoir de correspondance et d’affaires à la portion exilée. De là des rapports et des voyages. Ces communications inquiétaient la cour. On craignit l’action d’émissaires politiques ; on redouta le renouvellement des voyages de David Flotard et consorts, agents de l’étranger auprès des chefs de la révolte camisarde. Le clergé n’eut pas de peine à profiter de ces dispositions pour conseiller des pratiques dignes de l’ancienne intolérance, d’autant que le cardinal de Noailles, presque persécuté lui-même, venait d’expirer après une inutile rétractation.1729.