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des églises du désert.

sent à des demandes qui semblent si justes. » Les raisons qui portaient Saurin à ne pas subvenir aux vœux et aux besoins de ses frères peuvent se déduire aisément de ses propres déclarations. Il craignait toute concession aux facilités et aux tendances du culte secret. Pour lui c’était faire l’apologie de la faiblesse et fournir aux fidèles de nouveaux prétextes de s’affermir dans ce qui était à ses yeux une désertion de leur foi. Il redoutait la prédominance du for intérieur sur l’obligation sacrée de confesser la religion au dehors. Il allait jusqu’à émettre cette proposition, qui pourrait paraître étrange à bon droit : « leur proposer des moyens de suppléer dans leur cabinet au culte public dont ils sont privés, n’aurait-ce pas été reconnaître que le culte public n’est pas nécessaire. »

Ainsi Saurin donnait aux églises du désert les plus austères conseils. Il ne se reproche qu’une seule chose, c’est de n’avoir pas travaillé sans cesse à arracher le bandeau que les fidèles avaient sur les yeux. Il reculait devant l’obligation de leur dépeindre l’atrocité de leur conduite « et toute l’horreur de leur état ; » une indolence qui durait depuis quarante années ; tant de mariages contractés dans des circonstances si peu propres à attirer les bénédictions du ciel ; tant d’enfants retenus dans des lieux où il est si difficile de connaître la vérité ; tant de mourants privés de consolations ; tant de vœux de se relever formés mille et mille fois, et violés autant de fois. Il insistait encore en adjurant les fidèles français à bien peser, qu’un culte rendu à la Divinité dans un genre de vie qu’elle condamne d’une manière si expresse, était moins propre à concilier sa faveur qu’à exciter son indignation. Enfin les habitudes d’éloquence du fervent ora-