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des églises du désert.

soulever. La funeste journée de Bleinheim, où Eugène et Marlborough obligèrent les Français à évacuer la 1704.
13 août.
Bavière, fut suivie, coup sur coup, des désastres sanglants de Ramillies, d’Oudenarde et de Malplaquet. Alors on vit Toulon investi ; Lille, Tournai, Douai et Bouchain occupés ; les finances épuisées ; les troupes sans paye et souvent sans vivres ; les peuples écrasés d’impôts ; le commerce anéanti ; au milieu de tant de causes de décadence une cour assidue à toutes les minuties de l’étiquette et de la dévotion, essayant de déguiser sous le faste une misère qui peuplait de mendiants jusqu’aux cours de Versailles : toutes ces causes diverses parurent plonger le roi et la nation dans le désespoir. La tristesse du vieux monarque augmentait toujours, bien qu’il eût essayé d’aller « courir le cerf, » sans montrer nul changement sur son visage, et repoussant les consolations du père La Chaise[1]. Mais Dangeau lui-même, ce modèle des courtisans égoïstes, ne put s’empêcher de manifester « sa surprise et sa douleur » lorsqu’il vit M. de Biron arriver à Versailles parce que « les ennemis lui avaient donné congé pour un mois, » et lorsqu’il apprit que les alliés tenaient enfermés dans Oudenarde seule quatre mille prisonniers français et sept cents1708. officiers. Louis XIV lui-même laissait échapper l’expression de sa douleur, quand il s’écriait amèrement, après la prise facile d’Exilles, « qu’il avait peine à comprendre les Français, » Cependant le roi de France mérita vraiment le nom de grand dans ses malheurs. Il était déjà question de diviser la France ; on exigeait qu’il détrônât lui-même son petit-fils Philippe V. Alors le roi répondit en publiant ces propositions déshonorantes et déclara qu’il périrait plutôt à la tête

  1. Nouv. Mém. de Dangeau, 22 août 1704.