Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
263
des églises du désert.

les procès que l’intérêt ne manquera pas de leur susciter sur la succession qu’ils devraient recueillir s’ils étaient légitimes (il y a déjà de ces procès intentés pour le paiement de la dot de la femme), ne peuvent que causer un grand dérangement dans tout ce pays, surtout si l’on considère le nombre prodigieux de ces mariages ; ils se multiplient tous les jours ; des esprits prévenus se laissent aisément persuader que si ces mariages n’étaient pas légitimes on ne les souffrirait pas ; et que plus il s’en fera, plus ils doivent avec assurance en contracter de nouveaux, parce que plus il y en aura, plus on y aura égard. Leur conscience ne leur reproche rien là dessus, parce qu’ils ne regardent point le mariage comme un sacrement. Ce repos où on les laisse donne du poids aux fausses raisons de leurs prédicants ; ils s’imaginent et disent hautement que tous les édits que Sa Majesté avait donnés, et surtout celui de 1724 » sont abrogés, parce qu’ils sont tranquilles malgré leurs prévarications. » Le mémoire renferme aussi des plaintes contre le progrès du libertinage, suite naturelle de l’hérésie si ouvertement déclarée et si enracinée. Il se termine ainsi : « Nous vous supplions, Monseigneur, par les entrailles de Jésus-Christ, de nous aider à ramener dans le bercail nos brebis égarées par les voies les plus efficaces, mais les plus douces, qui, en arrêtant les prévarications, conservent les prévaricateurs. » (Copie d’une lettre manuscrite à Son Éminence le cardinal de Fleury, fol. mss. P. R.)

Tel est le tableau que le clergé catholique traçait du succès de tant de tentatives de conversion, et de tant de travaux, les uns adroits, les autres cruels, pour ébranler la ténacité des huguenots. Ce rapport, infiniment curieux et instructif, nous peint au naturel