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du ministère du comte de Saint-Florentin, qui dirigeait les intérêts de la religion prétendue réformée, ou plutôt les intérêts de ses persécuteurs. S’il est vrai que dans cette famille des La Vrillière le génie administratif fut héréditaire, nous admirerons un exemple remarquable de son esprit mesquin et tracassier. L’ordonnance que nous venons d’analyser faisait jouer le rôle de maîtres d’école aux hauts intendants des provinces. Les juges étaient chargés de juger les absents et de punir d’une amende tout vide dans les classes ecclésiastiques. La persécution s’élevait jusqu’au ridicule. On conçoit assez que de pareilles misères ne purent être mises à exécution. Elles nous expliquent bien les remontrances des curés à la cour et les espèces de gronderies administratives qui se passaient entre eux et les intendants. Chacun se renvoyait une tâche impossible. D’aucun côté on ne voulait, on ne pouvait exécuter les ordonnances. En rapprochant toutes ces dispositions, tous ces conflits, toutes ces tracasseries impraticables, on voit qu’il y a des positions où l’administration de mesures tyranniques donne presque autant de peine que la liberté.

D’autres mesures entraînèrent quelque chose de plus que des embarras administratifs. Ici le ridicule finit et d’horribles outrages commencent. Malgré la douceur apparente des ministères qui succédèrent au duc de Bourbon, et en dépit des pacifiques intentions du cardinal de Fleury, la déclaration de 1724 fut exécutée plusieurs fois en ses dispositions les plus abominables, celles qui entraînaient l’outrage aux cadavres. Dès l’année de cette loi funeste, la province du Périgord se distingua en ce genre. En 1724 même, un habitant réformé, Élie Drapeiron, de Salagnac, diocèse de Cahors, étant mort, il y eut procès à la