Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
des églises du désert.

ments, qu’il faut attribuer la part beaucoup plus décisive que la magistrature s’attribua dans la répression des délits des réformés. Seulement, par un contrecoup déplorable, nous verrons les parlements du royaume condamner en masse les religionnaires, sans mettre dans leurs arrêts cette espèce de discrétion et cette appréciation des positions administratives que bien souvent les intendants déployèrent. On serait assez embarrassé pour décider si les églises, pressées entre la justice sommaire des proconsuls et entre les formes plus méthodiques des parlements, eurent moins à souffrir en comparaissant devant les uns ou devant les autres. Si les magistrats leur donnaient quelque garanties de jurisprudence, au lieu de la justice rapide autant que violente des intendants, dans un autre sens, les parlements étaient plus fortement liés par la lettre des édits. La justice est aveugle ou doit l’être ; mais il est quelquefois plus loisible à une administration, qui gouverne les hommes et qui les voit de près, de laisser dormir les lois.

Au reste, en étudiant le système de l’ancien régime dans ses rapports avec les protestants, il est difficile d’y reconnaître une tendance arrêtée. Les grandes et profondes dissertations du procureur général Joly de Fleury, que nous aurons l’occasion d’analyser, n’ont fait que rendre plus sensible l’embarras des esprits et la confusion des plans. On voit tour à tour les églises en butte, soit aux conséquences de la guerre ou de la paix, soit aux exigences de l’esprit parlementaire, soit aux empiétements de la justice des intendants sur celle des cours souveraines. On les voit encore subir, en quelque sorte, le ricochet des disputes janséniennes. On remarque que les mêmes parlements qui condamnaient sans difficulté les pasteurs à la peine capitale,