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histoire.

fois dans un lien vraiment national et évangélique, les débris de ces églises si longtemps désolées.

Chose bien digne de remarque, ces tentatives heureuses coïncidèrent à peu près avec la mort de Louis XIV. 1715.
septemb.
Jetons un regard sur ses derniers moments. Par une destinée singulière, ou pour mieux dire, providentielle, ce monarque mourant, tellement craint encore dans son agonie que le duc d’Orléans en suivait les progrès absolument seul dans son palais de Marly, subit deux témoins froids et inflexibles, qui tinrent un journal exact des faits et paroles de ses dernières années et de ses heures dernières. Sous leur plume amère, l’étiquette fit place à la sévère histoire. Ces témoins furent Dangeau et Saint-Simon. Suivant Dangeau, le monarque expira, non sans avoir appris quatre mois avant sa mort, par Torcy, que les paris s’ouvraient publiquement en Angleterre sur le peu de temps qu’il avait à vivre ; il mourut après avoir, en quelque sorte, chargé les cardinaux de Rohan et de Bussy de répondre devant Dieu de ce qu’en matière religieuse « il aurait porté son autorité trop loin[1] ; » il mourut, affilié probablement par des vœux laïcs à la société des Jésuites, et couvert de reliques de la vraie croix, que Mme de Maintenon lui avait cédées ; il mourut abandonné par cette femme même qu’il avait trop écoutée, et qui, nous dit Dangeau avec un prodigieux sang-froid : « malgré sa douleur de l’état où elle voyait le roi, n’a été occupée que de sa conscience » ; il mourut, sans toutefois que le sérieux de ce moment solennel l’empêchât de tromper, même dans son agonie, le duc d’Orléans, à qui il garantit sept jours avant sa mort « qu’il n’y avait rien dans son testament dont il ne dût être

  1. Daugeau. Lemontey, nouv. art., p. 310.