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des églises du désert.

Nous devons dire quelques mots du premier de ceux dont nous trouvons le supplice raconté dans ce genre de pièces. C’est un tableau populaire, mais tracé avec beaucoup de force, de la prise et de l’exécution du jeune Alexandre Roussel, ministre à Uzès, qui fut pendu à Montpellier, le 30 novembre 1728, par jugement de l’intendant Daudé. Il paraît que ce ministre avait été trahi et dénoncé par un inconnu, qui s’était laissé tenter par les abominables dispositions des édits, et notamment par celui du 1er juillet 1686, qui promettait cinq mille cinq cents livres de récompense au délateur ayant fait saisir un ministre dans l’exercice de ses fonctions. Nous ne connaissons, sur la fin d’Alexandre Roussel, qui périt dans les premiers temps de la renaissance du culte, lorsque Paul Rabaut était encore enfant, que les deux complaintes de notre collection, l’une sur sa mort, et l’autre, qui est intitulée « Complainte de la mère de Roussel. » Nous donnerons en entier la première, qui est très-curieuse ; nous puiserons seulement quelques renseignements dans la seconde.

On se demande d’abord quel degré de confiance attacher à cette classe singulière de documents historiques. Elle est évidemment précieuse, puisqu’il s’agit toujours ici d’une époque où il fallait soigneusement cacher les pièces officielles, et où aucun genre de publication ni d’impression sur les églises du désert n’était permis ni possible en France. En ce qui touche le fond des choses, il est clair que l’on doit admettre avec beaucoup de probabilité, quand même les recueils manuscrits n’offriraient aucune date ni aucune désignation précises, que ces ballades historiques sont contemporaines des événements qu’elles retracent. Leur forme l’indique suffisamment. Elles