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capturé par un poste militaire, près de Tournon, d’où il fut transféré à Montpellier. Là, il fut assailli par les visites des ecclésiastiques qui tentèrent de le faire changer de religion. D’après la ballade, cinq ecclésiastiques zélés l’accompagnèrent jusqu’au pied de la potence, toujours dans l’espoir de conquérir une abjuration[1] ; mais le ministre déjà avancé en âge voulut donner sa vie pour la foi des églises du désert.

À partir de l’époque de cette fin courageuse, nous trouvons un intervalle heureux de treize années pendant lesquelles aucun supplice ne fut exécuté contre les ministres du désert ; trêve qui comprit une forte partie du ministère du cardinal de Fleury. Ce ne fut que treize ans après sa mort, c’est-à-dire, en 1745, que le gibet des confesseurs fut relevé à Grenoble, par les arrêts du Parlement. Ces mesures sévères succédèrent à la tenue du synode national de 1744 ; les mémoires n’hésitent pas à attribuer à cette manifestation, faite au milieu de la guerre, une partie des malheurs qui vinrent fondre sur les réformés. Dans les années qui suivirent l’exécution du pasteur 1732.Pierre Durand, la persécution s’était adoucie ou ralentie ; ce fait consolant se prolongea de 1732 à 1744.« Alors les protestants commencèrent à lever la tête ; ils la levèrent trop haut ou trop tôt. Le gouvernement se réveilla et rappela les mesures persécutrices. » (Mss. Veg.) Ce fut probablement là l’impression que les événements du temps produisirent sur Antoine Court, puisqu’il la transmit à son fils de Gebelin, sur les manuscrits duquel M. de Vegobre composa la

  1. Chanson de M. Durand. Mss. Fab. Lic. Cette complainte en trente couplets est une des moins soignées de notre recueil ; c’est tout à fait un pont-neuf pour le style et les répétitions. Elle respire d’ailleurs les sentiments d’une bien vive piété.