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pages suivantes que tous les fidèles, orphelins d’un tel conducteur, redoublèrent de zèle et de fermeté en présence des arrêts réitérés du parlement de Grenoble. La mémoire du pasteur Roger fut bien longtemps chère à toutes les églises du Dauphiné. Nous ne devons pas oublier aujourd’hui que ce fut lui, avec Betrine, Courteis et Antoine Court, qui continua après la mort de Louis XIV la filiation de l’ordination du pastorat des églises reformées. C’est des mains de ce martyr qu’elle a été transmise jusqu’à nos jours ; souvenir édifiant et glorieux pour ses successeurs dans l’église réformée de France.

Les autres provinces du midi offraient des scènes non moins tragiques. Les prisons d’Alais, d’Uzès, de Saint-Hyppolite, de Nîmes, de Montpellier, d’Aigues-Mortes, celles du fort de Brescou et du château de Ferrières, étaient encombrés de malheureux détenus pour faits de conscience. Ceux qui obtenaient leur liberté, l’achetaient, ou par des frais ruineux, ou par des promesses de conversion, arrachées à la douleur : « Démarches, dit le Mémoire des plaintes, également contraires à ce qu’on doit à Dieu, à la religion dont on est membre, et à l’édification publique, démarches qui déshonorent ceux qui les font, et qui les accablent de honte et de remords, et qui empêchent même que le gouvernement puisse prendre de confiance en eux ; car quelle confiance peut désormais prendre le gouvernement en des personnes qu’il a réduites aux plus dures extrémités, et qui ont eu la timide lâcheté, pour se procurer une liberté temporelle, d’être infidèles à leur devoir et à leur Dieu. » Quant aux rigueurs fiscales des édits de 1745, les protestants du midi qui échappaient aux condamnations étaient ruinés par des amendes ; outre ceux des bourgs et des