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des églises du désert.
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dans son mandement. Cette pièce ne prouvait pas une véritable connaissance de ce qui se passait dans le Vivarais. L’évêque prétendait que d’abord les ministres s’étaient glissés sans bruit dans les maisons, mais que bientôt la circonstance d’une guerre, dont les glorieux succès auraient dû leur ouvrir les yeux, les flattant de l’impunité, leur audace est montée au comble ; de là des assemblées tumultueuses formées d’hommes, de femmes et d’enfants, « où ces faux apôtres, assis dans la chaire de pestilence, ont osé sans honte prêcher leurs dogmes affreux[1]. » Nous n’aurons pas besoin de réfuter ces déclamations, auxquelles répondent assez les nombreuses citations que nous avons faites de la police des synodes et les preuves, que nous avons données, des soins vigilants que mettaient les églises à inculquer partout une discipline sage et sévère. Nous les citons uniquement pour montrer les préjugés administratifs et religieux que l’on opposait alors à leurs progrès. Si telles furent les idées de la magistrature et du haut clergé du Languedoc, placé sur les lieux mêmes et ne pouvant ignorer la vérité, on peut juger de l’épaisseur du bandeau qui couvrait les yeux des hommes d’état de Versailles.

Quant au prétendu caractère séditieux de leurs assemblées, les protestants répondaient par un fait général et indubitable ; c’est que, depuis le commencement du siècle, sans parler des malheureuses rencontres de 1686 entre les troupes envoyées par Louvois et des rassemblements réduits au désespoir, il n’y avait pas eu d’exemple qu’aucune assemblée eût été composée de gens armés, ni que dans aucune d’elles

  1. Mém. hist. de 1744, p. 272, 273.