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des églises du désert.

intendants les plus éclairés ne doutaient nullement. Aussi ils ne mirent pas une importance systématique à s’assurer de la personne des ministres. Mais, au milieu de la confusion d’un tel système, au milieu des contradictions perpétuelles entre les édits et les traditions d’une bonne administration, on conçoit qu’il dut se rencontrer de nombreuses occurrences où les pasteurs furent dénoncés et saisis.

Cette tragique aventure se renouvela. Elle nous impose la tâche de raconter la prise et la mort du jeune proposant, Mathieu Majal, dit Desubas, qui a figuré au nombre des pasteurs du désert, dont les églises aient le plus longtemps et le plus précieusement gardé le souvenir. Les pièces de l’époque, et le grand mémoire historique de 1744 nous ont transmis des détails suffisants sur cet événement fort sombre. Il fut aussi raconté très au long dans une des complaintes de notre collection[1]. Nous profiterons de cette pièce pour quelques détails, et nous en donnerons une citation où se peint d’une manière frappante tout l’esprit religieux de ces populations, qui voyaient leurs pasteurs marcher au supplice. Ce nouvel acte de rigueur, aussi triste qu’honorable pour les églises, fut accompagné ou fut plutôt précédé des circonstances les plus fâcheuses et les plus tragiques. De véritables massacres signalèrent cette persécution. Les malheurs furent portés au point que leur excès

  1. « Complainte et récit véritable de la mort de M. Lubac, ministre du saint Évangile dans les églises du Vivarès.

    Où tu verras, cher lecteur,
    L’humilité, la patience,
     La foy avec l’ardeur
     De ce divin pasteur. »


    (65 couplets, Mss. Coll. Fab. Lic. — Coll. v.)