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des églises du désert.

force de soins et de sollicitations, je pouvais disposer dans un même lieu six, dix, douze personnes à me suivre dans quelque trou de roche, dans quelque grange écartée ou en rase campagne pour rendre à Dieu leurs hommages et entendre de moi les discours de piété que j’avais à leur adresser. Quelle consolation aussi ne fut-ce pas pour moi de me trouver en 1744 dans des assemblées de dix mille âmes, au même lieu où à peine, dans les premières années de mon ministère, j’avais pu assembler quinze, trente, soixante, ou tout au plus cent personnes…

« De quelques progrès que fussent accompagnés mes premiers soins, je compris que, pour les étendre et les rendre plus efficaces, il était absolument nécessaire que je travaillasse incessamment au rétablissement de la discipline.

« Je trouvai, en effet, que les désordres, que la malheureuse affaire des Camisards jointe au fanatisme avaient produits, avaient tellement indisposé les esprits et décrédité à un tel point chez les protestants même, que tout ce qui se nommait prédicant ou assemblée était regardé avec une espèce d’horreur ; que, d’un autre côté, la licence de s’ériger en prédicateur était telle, que quiconque en formait le dessein pouvait l’exécuter sans obstacle ; qu’hommes, femmes, tout le monde se mêlait du métier ; qu’une telle licence ne pouvait qu’introduire dans l’Église de fort mauvais sujets ; qu’elle était d’ailleurs peu propre à dissiper les idées désavantageuses-que les protestants eux-mêmes avaient conçues contre les prédicants et contre les assemblées. Quoi donc, me dis-je, de plus nécessaire, que d’apporter quelque remède à ces désordres et que d’arrêter le cours de si grands maux ?