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histoire.

et la correspondance des galériens, de l’espèce des prisonniers et du régime de leur triste séjour. Il ne paraît pas que ces victimes de la liberté de conscience fussent plus malheureuses, au bagne de Toulon, que les autres condamnés ; au contraire, elles étaient sans cesse et quotidiennement secourues par les églises. Mais aucune générosité ni aucun secours ne pouvait atténuer l’horreur du lieu. Par suite d’une commission qu’un synode du Vivarais donna au pasteur des églises de Provence, Lafond, comme résidant plus près des galères, pour s’informer du sort de ces malheureux, il s’engagea entre eux et lui une correspondance, en 1753, de laquelle nous possédons les pièces. Elles jettent quelque jour sur la situation et sur les occupations de ces infortunés. La première de ces missives est de Jean Molinier, de Hautpoul, diocèse de Lavaur, qui avait été condamné à vie par le chevalier intendant Lenain, le 6 avril 1745 : « Nous nous adressons, dit ce galérien au pasteur Lafond, à tous les véritables chrétiens qui sont zélés et pieux, et moyennant que ces qualités se trouvent en eux, ils se souviendront que Notre Seigneur leur a recommandé les pauvres affligés, surtout les confesseurs, qui sont grièvement tourmentés par des peines excessives et par des travaux insupportables, outre les fers qu’ils sont obligés de porter jour et nuit. (Lettr. du 30 sept. 1753, Toulon. Mss. P. R.) Quelquefois, des navigations méditerranéennes étaient imposées aux galériens protestants comme au reste des forçats. « On vient d’armer quatre galères pour passer madame l’infante ; plusieurs de nos confrères sont de cette campagne, » écrit Jean Molinier. Il s’agit ici du mariage de l’infante d’Espagne Marie-Antoinette-Ferdinande, fille de Philippe v, roi Bourbon d’Espagne, avec Victor-Amé-