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histoire.

exercées contre MM. de Palleville et Bouzanguet avaient partout répandu l’alarme. La confiscation des biens dont ces deux familles distinguées étaient menacées avaient intimidé les autres, et pendant quelque temps les assemblées ne furent plus composées que de personnes de ces classes qui n’ont rien à perdre. Un tel abandon affligeait Paul Rabaut, qui lui-même risquait tous les jours sa fortune et sa vie au service des églises. Il confia ses chagrins sur ce sujet à Antoine Court à Lausanne ; voici en quels termes ce dernier cherchait à consoler son collègue ; le passage est remarquable en ce qu’il montre bien comment le zèle, toujours vivant au sein de la classe populaire, venait suppléer au manque d’énergie de l’autre classe que son aisance rendait plus craintive. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. De tout temps le vent de la persécution a nettoyé l’aire du Seigneur, et rarement a-t-on vu dans les temps d’orage que ceux que la naissance, le rang et les richesses élèvent au-dessus des autres, aient maintenu la religion. La gloire de la Providence s’y trouve même intéressée. Plus les moyens dont elle se sert pour conserver cette religion paraissent vils et méprisables, et plus cette gloire est éclatante. Parcourez tous les siècles de l’église et vous verrez qu’elle n’a eu dans ses grandes épreuves de fidèles qui lui soient demeurés constamment et fermement attachés, que ceux, qui, comme dit un apôtre, n’étaient ni des sages, ni des nobles, ni des puissants selon le monde, et qu’il en arrivait dans tous les temps comme il en arrive aujourd’hui. Les ministres de la religion avaient beau, comme vous, presser, exhorter en temps et hors temps, la moindre bourrasque jetait l’alarme dans les cœurs et rendait leurs soins presque inutiles. Il en arrivait comme