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d’édits persécuteurs, soutenues par des condamnations plus que sévères que nous allons même voir se multiplier, non seulement n’avaient pu extirper les protestants, mais qu’elles n’avaient abouti qu’à placer l’administration dans la position la plus embarrassante. Les protestants du désert, comme nous l’avons déjà remarqué, réduits à la dissimulation par la violence, allaient se marier et allaient faire baptiser leurs enfants, à l’église catholique ; puis ils sortaient de l’église, et restaient protestants. Il y eut même très-probablement bon nombre de ces cérémonies, qui furent célébrées à la fois à l’église et au désert : en premier lieu, par l’obligation des édits, en second lieu, par l’obligation de la conscience. Tout ceci, comme nous l’avons vu, était fortement interdit par les synodes ; la réprimande à la tête des assemblées, ainsi que la suspension de la sainte Cène, punissait de tels accommodements. Mais il est bien prouvé que ces transactions avaient lieu le plus souvent, et que la grande masse des réformés préféraient accorder à l’église dominante un signe extérieur d’adhésion de quelques minutes, au danger de voir l’état de leurs femmes et de leurs enfants compromis et annulés suivant la teneur expresse des édits. Le résultat de cette dissimulation arrachée par la force fut que le clergé catholique lui-même hésita sur la question de savoir s’il devait bénir des mariages, qui, à ses yeux, se réduisaient à une pure et simple profanation du sacrement, lesquels n’engageaient aucunement ceux qui les réclamaient à se ranger en l’église romaine.

Voyons maintenant quels étaient les remèdes que les magistrats suggéraient au conseil pour sortir de cette confusion ; l’examen de ce point nous fera découvrir les causes de la crise de persécution qui dé-