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des églises du désert.

virent à leurs frères, à Marseille et à Lausanne, qu’ils eussent à lever une contribution de douze mille à quinze mille livres, jugée nécessaire pour rompre les chaînes des confesseurs. La proposition fut fort sagement rejetée, surtout par les conseils du ministre A. Court, à Lausanne. Les églises pensèrent qu’il était très-dangereux d’offrir de l’argent pour la délivrance des galériens ; que c’était ouvrir la porte à la cupidité, et fournir aux gens en crédit, qui aimeraient à s’enrichir aux dépens de l’innocence, un appât pour faire augmenter le nombre et la rigueur des arrêts criminels. Nous verrons cependant qu’on eut quelquefois recours avec succès à ce moyen vénal.

D’autres projets plus utiles et plus vastes furent proposés. Les états de la province de Languedoc étaient assemblés. Les grandes questions qui divisèrent toujours l’État et l’église s’y présentèrent, de même que devant l’assemblée du clergé à Paris, la même année. Il s’agissait de l’immunité des biens ecclésiastiques. Les évêques regardaient l’intendant de la province, comme un ennemi chargé de faire contribuer aux dépenses du royaume un riche corps ecclésiastique, qui ne voulait y contribuer que par ses prières. Le débat fut porté au point, entre la cour et la représentation provinciale, que le roi cassa, avec censure, les délibérations de la chambre du clergé comme ayant sacrifié les intérêts de la province à ses vues particulières. La difficulté portait spécialement sur l’octroi de l’imposition foncière du vingtième. Les protestants résolurent de suivre une marche tout opposée. Ils adressèrent au comte de Saint-Florentin (17 mars) et à l’intendant du Languedoc Lenain (3 mars), une déclaration signée, dans le placet remis à ce dernier,