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des églises du désert.

simple et analogue à toutes les autres ; elle déchargeait ceux des sujets du roi qui s’étaient convertis ou qui se convertiraient ci-après, du logement des gens de guerre, tant infanterie que cavalerie, française et étrangère, et de toutes contributions, à l’occasion de ces logements, pendant deux années. Ce fut cette loi qui fut plus tard tant perfectionnée, et qui produisit de si funestes effets sous la direction du ministre Louvois. Cette première charte des dragonnades fut rendue au château de Saint-Germain-en-Laye, le 11 avril 1681, et elle porte le contre-seing de Letellier[1].

Nous arrivons maintenant à la législation de la révocation de l’édit de Nantes, sous le rapport de ses effets religieux[2], qui continuèrent si longtemps à peser sur les églises du désert. Ici, nous devons tâcher encore plus de resserrer le tableau ; car malheureusement, les documents s’accumulent de plus en plus. Dans la législation de Louis XIV, touchant les protestants français, spécialement comme société religieuse, il faut distinguer les mesures qui consommè-

  1. Michel Letellier, chancelier de France, succéda à d’Aligre, de 1677 à 1685 ; ce fut ce ministre qui scella la révocation en entonnant le cantique de Siméon, et auquel on attribue, ainsi qu’à son fils Louvois et au père La Chaise, une grande part à cet acte, qui fut toutefois l’objet des éloges éloquents de Bossuet et de Fléchier.
  2. « Il vous est permis aujourd’hui de donner un libre cours à vos plaintes et de dire à la face du ciel et de la terre les maux que Dieu vous a faits. Mon peuple, que t’ai-je fait ? (Michée, 6, 1-3). Ah ! Seigneur, que de choses tu nous as faites. Chemins de Sion, couverts de deuil, portes de Jérusalem désolées, sacrificateurs sanglotants, vierges dolentes, sanctuaires abattus, déserts peuplés de fugitifs, membres de Jésus-Christ, errants sur la face de l’univers, enfants arrachés à leurs pères, galères regorgeantes de confesseurs, sang de nos compatriotes répandu comme de l’eau, cadavres vénérables puisque vous servîtes de témoins à la vérité, mais jetés à la voirie et donnés aux bêtes des champs et aux oiseaux des cieux pour pâture, masures de nos temples, poudre, cendre, tristes restes des maisons consacrées à notre Dieu, feux, roues,