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histoire.

mer suivant l’édit du roi. » (Arr. du 29 août 1685.) Après la révocation ces mesures furent portées beaucoup plus loin. Citons uniquement une ordonnance rendue dans le Bas-Languedoc : « Le marquis de la Trousse, commandant pour Sa Majesté en Languedoc. Il est ordonné à tous les nouveaux convertis de porter dans les vingt-quatre heures après la publication de la présente ordonnance, entre les mains des sieurs grands-vicaires, ou en celles des curés ou missionnaires, tous les livres qu’ils ont de prières, psaumes, bibles de Genève et autre nature de livres, pour, après avoir été examinés, être les bons rendus à ceux à qui ils appartiendront, et les autres jetés au feu, à peine contre les désobéissants de punition sévère et de grosses amendes. Enjoignons aux consuls de se transporter avec le curé, ou autre ecclésiastique, dans les maisons desdits nouveaux convertis pour y faire une recherche exacte des livres qu’ils auront cachés ; mandons aux commandants de faire accompagner lesdits consuls, ou ecclésiastiques, par un officier lorsqu’ils feront leur visite. » (Montpellier, 5 février 1686.) On voit que ces mesures plus ou moins sévères embrassaient la capitale et les provinces. Elles expliquent comment les ouvrages de la vieille littérature protestante de France, malgré leur nombre et la richesse de leur source, ont péri presque tous et sont en général rares encore aujourd’hui.

Après cette triste énumération[1] il ne sera point sans intérêt de songer aux sentiments que tant de Français exilés de leur pays avaient gardés encore et aux souvenirs qu’ils entretinrent sans cesse de la pa-

  1. Nous ajoutons plus bas un résumé bien pressant de toutes ces lois, tableau concis de la composition de Rabaut-Saint-Étienne. (Voy. Pièc. justNo I). C’est le premier jet de son roman le vieux Cévenol.