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histoire.

de la perte de sa couronne. Plus tard, lorsque l’Europe entière menaçait Louis XIV, il fallut laisser une armée au centre de la France pour contenir les mouvements religieux, tandis que les flottes combinées d’Angleterre et de Hollande étaient garnies par une foule d’excellents matelots calvinistes, que les côtes de la Saintonge surtout avaient fournis à l’étranger. Une foule d’autres circonstances, en apparence petites, mais fort influentes, ajournèrent tout adoucissement dans les mesures de persécution, lorsque la carrière de Louis XIV fut accomplie.

Bossuet était mort ; et ce qui fut peut-être un malheur pour les intérêts des protestants, l’illustre et tolérant Fénelon, qui avait connu les amertumes d’une persécution injuste, mourut en disgrâce dans son archevêché 1715. de Cambrai, non moins pleuré des réformés que des catholiques, laissant la réputation d’un homme, suivant l’admirable peinture de Saint-Simon, « qui fut partout un vrai prélat, partout aussi un grand seigneur, partout encore l’auteur de Télémaque[1]. » Déjà son crédit renaissait, déjà une noble ambition semblait le rappeler à la cour, où le règne de madame de Maintenon penchait vers sa fin, lorsque la mort le ravit à tant d’avenir. Tout eût peut-être changé de face s’il eût rempli le poste qu’occupa si stérilement à sa place l’évêque de Fréjus, depuis cardinal de Fleury. À l’autre extrémité de la France, ce fut aussi un événement fâcheux pour les réformés que la nomination du servile et vénal La Parisière à l’évêché de Nîmes, à la place de Fléchier. À ces événements privés se joignit un dernier acte de faiblesse d’une cour bigote ; l’ambassadeur de Louis XIV, le comte de Luc, renou-

  1. Mémoires, ann. 1715.