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histoire.
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l’année même de la révocation de l’édit de Nantes, faire fumer devant Louis XIV ce nouveau tribut : « Ce grand prince, plein d’équité, plein d’humanité, toujours tranquille, toujours maître de lui, sans inégalité, sans faiblesse, et enfin le plus sage et le plus parfait de tous les hommes. » (Disc. pron. à l’Acad. franc, à la réc. de MM. Thomas Corneille et Bergeret ; 2 janvier 1685.)

On vit La Fontaine, qui parlait peu de la politique, se mettre de la partie contre les protestants, et renonçant, au moins dans une occasion officielle, à la philosophie de ses fables, louer Richelieu « d’avoir doublement triomphé de l’hérésie et par la persuasion et par la force. » Jusque-là ce n’était que de l’histoire bonne ou mauvaise ; mais il y eut quelque chose de beaucoup plus direct, en 1684, à féliciter Louis XIV « d’avoir réduit l’hérésie aux derniers abois. » (Rem. de réc. à l’Acad. franc. ; 2 mai.) De quoi se mêlait le bonhomme ?

Les discours et louanges du clergé eurent un caractère bien plus insinuant et bien plus dangereux. Quelque difficile qu’il soit de supposer qu’il ignorât réellement les violences inouïes qui se passaient, il eut au moins la charité de vouloir faire prendre le change à Louis XIV. Aussi on essaya sans cesse de persuader à ce monarque que les voies de conversion étaient douces, et que la seule conviction amenait les changements les plus satisfaisants. Nous nous bornerons à citer un seul exemple, mais frappant, de ce genre d’argumentations, qui dut préparer un champ plus libre aux persécuteurs tout en rassurant la conscience du roi. Voici ce que le clergé disait au monarque abusé :

« Aussi faut-il l’avouer, Sire, quelque intérêt que