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l’industrie des peuples[1] ? » que M. de Montyon développe sur l’impôt des théories qui font honneur à sa belle âme. Regrettons avec lui que le produit des domaines soit insuffisant pour acquitter les charges nationales et plaignons le citoyen à qui les agents du fisc viennent enlever une partie des fruits du champ qu’il a cultivé[2]. Mais il nous est difficile de ne pas sourire de ses préférences pour un système de contribution volontaire fondé sur la vertu : « Chaque citoyen offrirait spontanément à sa patrie ce qu’une sage économie et la modération de ses désirs lui permettraient de retrancher de sa dépense personnelle. »

Dans un beau dédain pour le scepticisme et l’ironie, c’est à force d’enthousiasme qu’il prétend convaincre son lecteur : « Sans doute un tel ordre de constitution est, aux yeux des gens amollis et corrompus, un roman de finance… Cependant ce généreux et admirable régime a existé, et, encore de nos jours, a été en vigueur dans plusieurs villes et états de l’Empire germanique. Hommes probes et vertueux, hommes illustres par ce procédé loyal et civique… puissé-je avoir élevé mes pensées à la hauteur de vos sentiments[3] ! » Mais, en attendant le règne de la vertu, il faut percevoir des impôts. Dans cette perception, des abus se sont introduits et sont devenus si fréquents qu’on a fini par les prendre pour le véritable caractère[4], et croire, par exemple, que l’impôt se justifie et se limite par la nécessité de subvenir aux dépenses publiques. Erreur ! L’impôt doit être, avant tout moralisateur. Ainsi la science financière, la « finance »,

  1. Les citations de cet ouvrage sont tirées de la Collection des Économistes, Mélanges d’économie politique, t. II, Guillaumin, 1848, in-8o.
  2. Cf. p. 492.
  3. P. 493.
  4. Cf. p. 379.