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Page:Coral - Esquisse historique - Tahiti.djvu/18

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devaient, de gré ou de force, se livrer à la débauche. Elles arrivaient de toutes les parties de l’île à Papeete, et la corruption y était cent fois plus générale, plus positive, plus répandue dans toutes les classes qu’au temps même où ils professaient une religion qui permettait ces excès, regardés par eux comme naturels et sans conséquence[1]. »

En vain les missionnaires, parmi lesquels se trouvait alors le fameux Pritchard, récemment arrivé à Tahiti, s’élevaient-ils contre ces débordements ; en vain proféraient-ils menaces et anathèmes : rien n’y faisait, la jeune Pomaré IV donnait l’exemple elle-même, et tout le peuple l’imitait avec enthousiasme.

Pourtant, les principaux chefs de l’île finirent par s’apercevoir que ces orgies continuelles conduisaient l’île à sa perte ; le commerce n’existait plus ; l’agriculture, les travaux, les routes, tout était abandonné, tout était mis de côté : aussi, après s’être entendus avec les missionnaires, ils convoquèrent une grande assemblée où les chefs Tati, Paofai et Utoti prononcèrent d’éloquents discours contre la secte nouvelle. Après de longs débats contradictoires, l’assemblée vota des peines très sévères contre les principaux auteurs du désordre, et, malgré l’intervention de Pomaré IV, ils furent condamnés, les uns au bannissement perpétuel, les autres durent accomplir le tour de l’île sur le récif.

Tahiti est en effet entourée de toutes parts par un récif de corail, ceinture madréporique qui l’environne à plusieurs milles du bord ; or, ce récif offre en différents endroits des coupures ou passes assez larges.

  1. Mœrenhout, Voyages aux Îles du Grand Océan.