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toute-puissance des missionnaires anglais, qui allaient considérer comme des ennemis dangereux ces nouveaux arrivés, qui, en voulant détruire leur culte, les atteignaient dans leur prestige et leur autorité. C’est eii vain que les catholiques offrirent des présents à la reine, pour tâcher de se la concilier. Les missionnaires protestants, et à leur tête Pritchard, qui venait d’être nommé consul d’Angleterre, les firent enlever de vive force et les renvoyèrent aux îles Gambier, d’où ils étaient partis. Ce procédé brutal donna lieu à une protestation indignée que les missionnaires catholiques transmirent au consul français à Valparaiso. Celui-ci l’envoya au ministre des affaires étrangères, le comte Molé, qui, à son tour, la fit parvenir à son collègue, l’amiral Rosamel, ministre de la marine, en lui écrivant : « Bien que la reine Pomaré n’ait fait que céder aux instigations des missionnaires méthodistes, vous jugerez sans doute, M. l’amiral, que si de tels actes de violence commis sur des citoyens français demeuraient impunis, il n’y aurait plus de sûreté dans les domaines de la reine de Tahiti pour ceux de nos navires qui y aborderaient en relâche forcée ou volontaire, et que la prudence autant que la dignité indique de confier à l’une des frégates en station dans la mer du Sud, la mission spéciale d’exiger du gouvernement tahitien une réparation éclatante et de faire paraître aussi souvent que possible devant cette île, des bâtiments de l’État. »

C’est ainsi que la frégate la « Vénus », commandée par Dupetit-Thouars, arriva le 29 août 1838 devant Papeete, la capitale de Tahiti.

La reine, épouvantée, s’empressa d’offrir toutes les réparations voulues : elle signa une conven-