Page:Corbière - Le Négrier.djvu/661

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suspendus un sabre et une croix d’honneur. Une fosse, creusée à la Savane des Pères-Blancs, reçut la dépouille du pauvre Ivon, et quelque peu de terre, jetée à la hâte sur ses restes, me sépara à jamais de l’homme qui m’aimait le plus au monde, de celui auprès duquel j’aurais voulu périr dans un combat.

Oh ! combien de fois, lorsque toute la ville était ensevelie dans le sommeil, et que la nuit environnait la vaste et silencieuse Savane des Pères-Blancs, j’allai seul sur cette tombe, me rappeler les jours passés avec l’ami qu’elle recouvrait ! Combien de fois, à l’approche du jour, je quittai ces lieux, désespéré de n’avoir pu trouver sur ce cercueil une seule pensée religieuse ! Oh ! que l’espoir de