Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/106

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Mon lit capitonné de satin de brouette ;
Et mon chien qui dort dessus — Pauvre animal —
… Et je ris… parce que ça me fait un peu mal. »

« J’ai pris, pour t’appeler, ma vielle et ma lyre.
Mon cœur fait de l’esprit — le sot — pour se leurrer…
Viens pleurer, si mes vers ont pu te faire rire ;
Viens rire, s’ils t’ont fait pleurer… »

« Ce sera drôle… Viens jouer à la misère,
D’après nature : — Un cœur avec une chaumière. —
… Il pleut dans mon foyer, il pleut dans mon cœur feu.
Viens ! Ma chandelle est morte et je n’ai plus de feu… »

*

Sa lampe se mourait. Il ouvrit la fenêtre.
Le soleil se levait. Il regarda sa lettre,
Rit et la déchira… Les petits morceaux blancs,
Dans la brume, semblaient un vol de goëlands.


(Penmarc’h — jour de Noël.)