Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/291

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L’écho des cabarets de terre beugle encore…
Eux répondent en chœur, perchés dans les huniers,
Comme des colibris au haut des cocotiers :
« Jusqu’au revoir, la belle,
« Bientôt nous reviendrons… »

Ils ont bien passé là quatre nuits de liesse,
Moitié sous le comptoir et moitié sur l’hôtesse…
« …Tâchez d’être fidèle,
« Nous serons bons garçons… »

— Évente les huniers !… C’est pas ça qué jé r’grette
— Brasse et borde partout !… Naviguons, ma brunette !
Adieu, séjour de guigne !… Et roule, et cours bon bord…
Va, la Mary-Gratis ! — au nord-est quart de nord. —

… Et la Mary-Gratis, en flibustant l’écume,
Bordant le lit du vent se gîte dans la brume.
Et le grand flot du large en sursaut réveillé
À terre va bâiller, s’étirant sur le roc :
Roul’ta bosse, tout est payé
Hiss’le grand foc !