Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/199

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Florame.

Peut-être voudrais-tu qu’elle empêchât ma plainte ?

Damon.

Si Théante sait tout, sans raison tu t’en plains.
Je t’ai dit ses secrets, comme à lui tes desseins,
Il voit dedans ton cœur, tu lis dans son courage,
Et je vous fais combattre ainsi sans avantage.

Florame.

Toutefois au combat tu n’as pu l’engager ?

Damon.

Sa générosité n’en craint pas le danger ;
Mais cela choque un peu sa prudence amoureuse,
Vu que la fuite en est la fin la plus heureuse,
Et qu’il faut que, l’un mort, l’autre tire pays.

Florame.

Malgré le déplaisir de mes secrets trahis,
Je ne puis, cher ami, qu’avec toi je ne rie
Des subtiles raisons de sa poltronnerie.
Nous faire ce duel sans s’exposer aux coups,
C’est véritablement en savoir plus que nous,
Et te mettre en sa place avec assez d’adresse,

Damon.

Qu’importe à quels périls il gagne une maîtresse ?
Que ses rivaux entre eux fassent mille combats,
Que j’en porte parole, ou ne la porte pas,
Tout lui semblera bon, pourvu que sans en être
Il puisse de ces lieux les faire disparaître.

Florame.

Mais ton service offert hasardait bien ta foi,
Et s’il eût eu du cœur, t’engageait contre moi.