Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ou ne consentir point, ou consentir toujours.
Je choisirai la mort plutôt que le parjure ;
M’y voulant obliger, vous vous faites injure.
Ne veuillez point combattre ainsi hors de saison
Votre vouloir, ma foi, mes pleurs, et la raison.
Que vous a fait Daphnis ? que vous a fait Florame,
Que pour lui vous vouliez que j’éteigne ma flamme ?

Géraste.

Mais que vous a-t-il fait, que pour lui seulement
Vous vous rendiez rebelle à mon commandement ?
Ma foi n’est-elle rien au-dessus de la vôtre ?
Vous vous donnez à l’un ; ma foi vous donne à l’autre.
Qui le doit emporter ou de vous ou de moi ?
Et qui doit de nous deux plutôt manquer de foi ?
Quand vous en manquerez, mon vouloir vous excuse.
Mais à trop raisonner moi-même je m’abuse :
Il n’est point de raison valable entre nous deux,
Et pour toute raison, il suffit que je veux.

Daphnis.

Un parjure jamais ne devient légitime ;
Une excuse ne peut justifier un crime.
Malgré vos changements, mon esprit résolu
Croit suffire à mes feux que vous ayez voulu.


Scène VIII

Géraste, Daphnis, Florame, Célie, Amarante.


Daphnis.

Voici ce cher amant qui me tient engagée,