Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/371

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Médée.

Las ! je n’ai que trop fui ; cette infidélité
D’un juste châtiment punit ma lâcheté.
Si je n’eusse point fui pour la mort de Pélie,
Si j’eusse tenu bon dedans la Thessalie,
Il n’eût point vu Créuse, et cet objet nouveau
N’eût point de notre hymen étouffé le flambeau.

Nérine.

Fuyez encor, de grâce.

Médée.

Fuyez encor, de grâce. Oui, je fuirai, Nérine ;
Mais, avant, de Créon on verra la ruine.
Je brave la fortune, et toute sa rigueur
En m’ôtant un mari ne m’ôte pas le cœur ;
Sois seulement fidèle, et sans te mettre en peine,
Laisse agir pleinement mon savoir et ma haine.

Nérine, seule.

Madame… Elle me quitte au lieu de m’écouter,
Ces violents transports la vont précipiter,
D’une trop juste ardeur l’inexorable envie
Lui fait abandonner le souci de sa vie.
Tâchons encore un coup d’en divertir le cours.
Apaiser sa fureur, c’est conserver ses jours.




Fin du premier acte.