Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/522

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

508 L’ILLUSION.

Lyse.

xxxxxxxxxxxxxxxx Eh bien ! il est absent.

Isabelle.

C’est la source des maux que mon âme ressent ;
Nous sommes ses voisins, et l’amour qu’il nous porte
Dedans son grand jardin nous permet cette porte.
La princesse Rosine, et mon perfide époux,
Durant qu’il est absent, en font leur rendez-vous :
Je l’attends au passage, et lui ferai connoître
Que je ne suis pas femme à rien souffrir d’un traître.

Lyse.

Madame, croyez-moi, loin de le quereller,
Vous ferez beaucoup mieux de tout dissimuler :
Il nous vient peu de fruit de telles jalousies ;
Un homme en court plus tôt après ses fantaisies ;
Il est toujours le maître, et tout notre discours,
Par un contraire effet l’obstine en ses amours.

Isabelle.

Je dissimulerai son adultère flamme !
Une autre aura son cœur, et moi le nom de femme !
Sans crime, d’un hymen peut-il rompre la loi ?
Et ne rougit-il point d’avoir si peu de foi ?

Lyse.

Cela fut bon jadis ; mais au temps où nous sommes,
Ni l’hymen ni la foi n’obligent plus les hommes :
Leur gloire a son brillant et ses règles à part ;
Où la nôtre se perd, la leur est sans hasard ;
Elle croît aux dépens de nos lâches faiblesses ;


1. L’édition de 1682 porte seule : « que mon âme en ressent. »
2. Var. Vous feriez beaucoup mieux de tout dissimuler. (1639-60)
3. Var. Ce n’est pas bien à nous d’avoir des jalousies. (1639-57)
4. Ici, comme plus haut, l’édition de 1639 porte fantasies. Voyez le
vers 1110.
5. Var. Il est toujours le maître, et tout votre discours. (1639)
6. Var. Un autre aura son cœur, et moi le nom de femme. (1639 et 57)
7. Var. Madame, leur honneur a des règles à part,