Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Scène IV.

DON RODRIGUE, CHIMÈNE, ELVIRE.
Don Rodrigue.

Eh bien ! sans vous donner la peine de poursuivre,
Assurez-vous l’honneur de m’empêcher de vivre[1].

Chimène.

Elvire, où sommes-nous, et qu’est-ce que je voi ?
Rodrigue en ma maison ! Rodrigue devant moi !

Don Rodrigue.

N’épargnez point mon sang : goûtez sans résistance
La douceur de ma perte et de votre vengeance.

Chimène.

Hélas !

Don Rodrigue.

Hélas ! Écoute-moi.

Chimène.

Hélas ! Écoute-moi. Je me meurs.

Don Rodrigue.

Hélas ! Écoute-moi. Je me meurs. Un moment.

Chimène.

Va, laisse-moi mourir.

Don Rodrigue.

Va, laisse-moi mourir. Quatre mots seulement :
Après ne me réponds qu’avecque cette épée.

Chimène.

Quoi ! du sang de mon père encor toute trempée !

Don Rodrigue.

Ma Chimène…

  1. Var. Soûlez-vous du plaisir de m’empêcher de vivre.
    (1637-44 in-4o et 48-56)
    VaVar. Soûlez-vous du désir de m’empêcher de vivre. (1644 in-12)