Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capiunt. Quum sui utrosque adhortarentur, Deos patrios, patriam ac parentes, quidquid civium domi, quidquid in exercitu sit, illorum tunc arma, illorum intueri manus, feroces et suopte ingenio, et pleni adhortantium vocibus, in medium inter duas acies procedunt. Consederant utrinque pro castris duo exercitus, periculi magis præsentis, quam curæ expertes : quippe imperium agebatur, in tam paucorum virtute atque fortuna positum. Itaque erecti suspensique in minime gratum spectaculum animo intenduntur. Datur signum ; infestisque armis, velut acies, terni juvenes magnorum exercituum animos gerentes concurrunt. Nec his, nec illis periculum suum, sed publicum imperium servitiumque obversatur animo, futuraque ea deinde patriæ fortuna, quam ipsi fecissent. Ut primo statim concursu increpuere arma, micantesque fulsere gladii, horror ingens spectantes perstringit, et neutro in-

    ce qui avoit été arrêté ; et comme chacun des deux peuples exhortât les siens à bien faire, leur remettant devant les yeux les Dieux du pays, la patrie, leurs progénitures, ensemble tout ce qui étoit demeuré de citoyens à la ville, tout ce qui en étoit là présent au camp ; revisitant tantôt leurs armures, tantôt leurs bras et les mains ; eux hardis et de naturel, et renforcés d’abondant par le courage qu’on leur donnoit, s’avancent au milieu des deux osts étant en bataille, qui avoient fait haut d’une part et d’autre devant leurs remparts, plus exempts du péril qui se présentoit que de soin et travail d’esprit ; car il y alloit de l’empire et domination ; le tout dépendant de la vaillance et fortune de si peu d’hommes. Au moyen de quoi chacun demeure transporté en suspens après ce mal plaisant spectacle. Finablement, le signal donné, ces trois de chaque côté braves jeunes hommes se vont rencontrer la tête baissée, tout ainsi que si c’eussent été deux bataillons qui s’affrontassent, charriant quand et eux la même impétuosité et furie de deux grosses et puissantes armées, sans se soucier ni ceux-ci ni ceux-là de leur propre danger, ni que rien se présentât à leurs cœurs que l’empire ou la servitude et conséquemment la fortune que dévoient courir leurs choses publiques, toute telle qu’ils la leur feroient. Dès la première démarche et assaut, que leurs harnois commencèrent à cliqueter et leurs flamboyantes épées à tresluire, une grande horreur saisit soudain les regardants, et ne balançant encore l’espérance de la victoire