Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/342

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Certes, l’exemple est rare et digne de mémoire,
De trouver dans la fuite un chemin à la gloire.

VALÈRE.

Quelle confusion, et quelle honte à vous
D’avoir produit un fils qui nous conserve tous,
Qui fait triompher Rome, et lui gagne un empire ?
À quels plus grands honneurs faut-il qu’un père aspire ?

LE VIEIL HORACE.

Quels honneurs, quel triomphe, et quel empire enfin,
Lorsqu’Albe sous ses lois range notre destin ?

VALÈRE.

Que parlez-vous ici d’Albe et de sa victoire ?
Ignorez-vous encor la moitié de l’histoire ?

LE VIEIL HORACE.

Je sais que par sa fuite il a trahi l’État[1].

VALÈRE.

Oui, s’il eût en fuyant terminé le combat ;
Mais on a bientôt vu qu’il ne fuyoit qu’en homme
Qui savoit ménager l’avantage de Rome.

LE VIEIL HORACE.

Quoi, Rome donc triomphe !

VALÈRE.

Quoi, Rome donc triomphe !Apprenez, apprenez
La valeur de ce fils qu’à tort vous condamnez.
LaResté seul contre trois, mais en cette aventure

    Cid : « Je ne sais s’il n’y a pas dans cette scène un artifice trop visible, une méprise trop longtemps soutenue. Il semble que l’auteur ait eu plus d’égards au jeu de théâtre qu’à la vraisemblance. C’est le même défaut que dans la scène de Chimène avec don Sanche dans le Cid.… »

  1. Var. Le combat par sa fuite est-il pas terminé ?
    ---Var. val. Albe ainsi quelque temps se l’est imaginé ;
    ---Var. Mais elle a bientôt vu que c’étoit fuir (a) en homme. (1641-56)
    (a) L’édition de 1655 A. porte fait, au lieu de fuir, et au premier vers de la variante la fuite, pour sa fuite.