Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/357

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S’il m’en faut recevoir un reproche éternel,
Si ma main en devient honteuse et profanée,
Vous pouvez d’un seul mot trancher ma destinée :
Reprenez tout ce sang de qui ma lâcheté[1]
A si brutalement souillé la pureté.
Ma main n’a pu souffrir de crime en votre race ;
Ne souffrez point de tache en la maison d’Horace.
C’est en ces actions dont l’honneur est blessé
Qu’un père tel que vous se montre intéressé :
Son amour doit se taire où toute excuse est nulle ;
Lui-même il y prend part lorsqu’il les dissimule ;
Et de sa propre gloire il fait trop peu de cas,
Quand il ne punit point ce qu’il n’approuve pas.

LE VIEIL HORACE.

Il n’use pas toujours d’une rigueur extrême ;
Il épargne ses fils bien souvent pour soi-même ;
Sa vieillesse sur eux aime à se soutenir,
Et ne les punit point, de peur de se punir[2].
Je te vois d’un autre œil que tu ne te regardes ;
Je sais… Mais le Roi vient, je vois entrer ses gardes.


Scène II.

TULLE, VALÈRE, LE VIEIL HORACE, HORACE, troupe de Gardes[3].
LE VIEIL HORACE.

Ah ! Sire, un tel honneur a trop d’excès pour moi ;
Ce n’est point en ce lieu que je dois voir mon roi :
Permettez qu’à genoux…

  1. Var. Reprenez votre sang de qui ma lâcheté
    ----Var.A si mal à propos souillé la pureté. (1641-56)
  2. Var. Et ne les punit point, pour ne se pas punir. (1641-60)
  3. Var. TROUPE DES GARDES. (1655 A. et 56)