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ACTE IV.


Scène première.

AUGUSTE, EUPHORBE, POLYCLÈTE, Gardes[1].
AUGUSTE.

Tout ce que tu me dis, Euphorbe, est incroyable.

EUPHORBE.

Seigneur, le récit même en paroît effroyable :
On ne conçoit qu’à peine une telle fureur[2],
Et la seule pensée en fait frémir d’horreur.1080

AUGUSTE.

Quoi ? mes plus chers amis ! quoi ? Cinna ! quoi ? Maxime !
Les deux que j’honorois d’une si haute estime,
À qui j’ouvrois mon cœur, et dont j’avois fait choix
Pour les plus importants et plus nobles emplois !
Après qu’entre leurs mains j’ai remis mon empire, 1085
Pour m’arracher le jour l’un et l’autre conspire !
Maxime a vu sa faute, il m’en fait avertir[3],
Et montre un cœur touché d’un juste repentir ;
Mais Cinna !

EUPHORBE.

Mais Cinna !Cinna seul dans sa rage s’obstine,
Et contre vos bontés d’autant plus se mutine ; 1090

  1. gardes manque dans l’édition de 1643. — troupe de gardes. (1648-60)
  2. Var. On ne conçoit qu’à force une telle fureur. (1643-56)
  3. Var. Encore pour Maxime, il m’en fait avertir (a),
    Et s’est laissé toucher à quelque repentir. (1643-56)

    (a) Unus ex consciis deferebat, « c’était un des complices qui dénonçait la conjuration : » voyez ci-dessus, p. 373.