Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/473

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Vous conserve innocents, et me rend mes amis.

(À Maxime[1].)
Reprends auprès de moi ta place accoutumée ;

Rentre dans ton crédit et dans ta renommée ;
Qu’Euphorbe de tous trois ait sa grâce à son tour ;
Et que demain l’hymen couronne leur amour.1740
Si tu l’aimes encor, ce sera ton supplice.

MAXIME.

Je n’en murmure point, il a trop de justice ;
Et je suis plus confus, Seigneur, de vos bontés
Que je ne suis jaloux du bien que vous m’ôtez.

CINNA.

Souffrez que ma vertu dans mon cœur rappelée1745
Vous consacre une foi lâchement violée,
Mais si ferme à présent, si loin de chanceler,
Que la chute du ciel ne pourroit l’ébranler.
Puisse le grand moteur des belles destinées,
Pour prolonger vos jours, retrancher nos années ;1750
Et moi, par un bonheur dont chacun soit jaloux,
Perdre pour vous cent fois ce que je tiens de vous !

LIVIE.

Ce n’est pas tout, Seigneur : une céleste flamme
D’un rayon prophétique illumine mon âme.
Oyez ce que les dieux vous font savoir par moi ;1755
De votre heureux destin c’est l’immuable loi.
Après cette action vous n’avez rien à craindre :
On portera le joug désormais sans se plaindre ;
Et les plus indomptés, renversant leurs projets,
Mettront toute leur gloire à mourir vos sujets ;1760
Aucun lâche dessein, aucune ingrate envie
N’attaquera le cours d’une si belle vie ;

  1. Ce jeu de scène manque dans les édition de 1643-60.