Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/54

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À Charonne, ce 5 octobre 1637.
« Monsieur,

« Puisque vous êtes extrêmement raisonnable, et que vous savez bien que la sujétion illustre à laquelle je suis attaché ne me laisse pas assez de liberté pour rendre mes devoirs à tous mes amis, je ne vous ferai point d’excuses de m’être autrefois reposé sur les soins de M. Chapelain, qui m’a promis de répondre pour moi aux lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Il n’aura pas oublié, je m’assure, à vous témoigner la continuation de mon zèle, et je me promets bien que vous connoîtrez vous-même à votre retour que si je vous ai paru muet, je ne me suis pas tu devant ceux auprès desquels vous croyez que je puis vous servir, et que je vous ai gardé une inviolable fidélité pendant votre absence. Ces six lignes que je vous écris de mon chef satisferont, s’il vous plaît, Monsieur, à ce que je dois à notre amitié, et vous lirez le reste de ma lettre comme un ordre que je vous envoie par le commandement de Son Éminence. Je ne vous cèlerai pas qu’elle s’est fait lire avec un plaisir extrême tout ce qui s’est fait sur le sujet du Cid, et que particulièrement une lettre qu’elle a vue de vous, lui a plu jusques à tel point qu’elle lui a fait naître l’envie de voir tout le reste. Tant qu’elle n’a connu dans les écrits des uns et des autres que des contestations d’esprit agréables, et des railleries innocentes, je vous avoue qu’elle a pris bonne part au divertissement ; mais quand elle a reconnu que de ces contestations naissoient enfin des injures, des outrages et des menaces, elle a pris aussitôt résolution d’en arrêter le cours. Pour cet effet, quoiqu’elle n’ait point vu le libelle que vous attribuez à M. Corneille, présupposant par votre réponse, que je lui lus hier au soir, qu’il devoit être l’agresseur, elle m’a commandé de lui remontrer le tort qu’il se faisoit, et de lui défendre de sa part de ne plus faire de réponse, s’il ne lui vouloit déplaire ;

    marquis de Bonnivet le 7 décembre 1642. Dans l’Historiette de Mondory (tome VII, p. 172), Tallemant, parlant de la Lenoir, actrice du théâtre du Marais, termine ainsi : « Le comte de Belin, qui avoit Mairet à son commandement, faisoit faire des pièces à condition qu’elle eût le principal personnage ; car il en étoit amoureux, et la troupe s’en trouvoit bien. »