Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/454

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Trouve encor les appas qu’avoit trouvés[1] leur père[2].
La Reine envoie en vain pour se justifier :
On a beau la défendre, on a beau le prier,
On ne rencontre en lui qu’un juge inexorable ;
240Et son amour nouveau la veut croire coupable[3] :
Son erreur est un crime, et pour l’en punir mieux,
Il veut même épouser Rodogune à ses yeux,
Arracher de son front le sacré diadème,
Pour ceindre une autre tête en sa présence même ;
245Soit qu’ainsi sa vengeance eût plus d’indignité,
Soit qu’ainsi cet hymen eût plus d’autorité,
Et qu’il assurât mieux par cette barbarie
Aux enfants qui naîtroient le trône de Syrie.
Mais tandis qu’animé de colère et d’amour,
250Il vient déshériter ses fils par son retour,
Et qu’un gros escadron de Parthes pleins de joie
Conduit ces deux amants et court comme à la proie,
La Reine, au désespoir de n’en rien obtenir,
Se résout de se perdre ou de le prévenir.
255Elle oublie un mari qui veut cesser de l’être,
Qui ne veut plus la voir qu’en implacable maître[4] ;
Et changeant à regret son amour en horreur,
Elle abandonne tout à sa juste fureur.
Elle-même leur dresse une embûche au passage[5],
260Se mêle dans les coups, porte partout sa rage,
En pousse jusqu’au bout les furieux effets.
Que vous dirai-je enfin ? les Parthes sont défaits ;
Le Roi meurt, et, dit-on, par la main de la Reine ;

  1. Toutes les éditions, jusqu’en 1660 inclusivement, portent trouvé ou treuvé, invariable.
  2. Var. Trouve encor les appas qu’avoit treuvé le père. (1667 et 52)
    Var. Trouve encor les appas qu’avoit trouvé le père. (1654-56)
  3. Var. Et son nouvel amour la veut croire coupable. (1647-56)
  4. Var. Qui ne la veut plus voir qu’en implacable maître. (1647-56)
  5. Var. Elle-même leur dresse un embûche au passage. (1647 in-12 et 52-60)