Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le vrai Héraclius, qui passe pour Martian, au vrai Martian, qui passe pour Léonce ; et cela sert de fondement à l’offre volontaire qu’il fait de sa vie au quatrième acte, pour le sauver du péril où l’expose cette erreur des noms. Sur cette proposition, Phocas, se plaignant de l’aversion que les deux parties témoignent à ce mariage, impute celle de Pulchérie à l’instruction qu’elle a reçue de sa mère, et apprend ainsi aux spectateurs, comme en passant, qu’il l’a laissée trop vivre après la mort de l’empereur Maurice, son mari. Il fallait tout cela pour faire entendre la scène qui suit entre Pulchérie et lui, mais je n’ai pu avoir assez d’adresse pour faire entendre les équivoques ingénieux dont est rempli tout ce que dit Héraclius à la fin de ce premier acte, et on ne les peut comprendre que par une réflexion après que la pièce est finie, et qu’il est entièrement reconnu, ou dans une seconde représentation.

Surtout, la manière dont Eudoxe fait connaître, au second acte, le double échange que sa mère a fait des deux princes, est une des choses les plus spirituelles qui soient sorties de ma plume. Léontine l’accuse d’avoir révélé le secret d’Héraclius et d’être cause du bruit qui court qui le met en péril de sa vie ; pour s’en justifier, elle explique tout ce qu’elle en sait, et conclut que, puisqu’on n’en publie pas tant, il faut que ce bruit ait pour auteur quelqu’un qui n’en sache pas tant qu’elle. Il