Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/215

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De quiconque à mes pieds apportera ta tête ;
L’esclave le plus vil qu’on puisse imaginer
Sera digne de moi, s’il peut t’assassiner.
Va perdre Héraclius et quitte la pensée
Que je me pare ici d’une vertu forcée,
Et, sans m’importuner de répondre à tes vœux,
Si tu prétends régner, défais-toi de tous deux.



Scène IV


Phocas, Exupère, Amyntas


Phocas

J’écoute avec plaisir ces menaces frivoles ;
Je ris d’un désespoir qui n’a que des paroles,
Et, de quelque façon qu’elle m’ose outrager,
Le sang d’Héraclius m’en doit assez venger.
Vous donc, mes vrais amis, qui me tirez de peine,
Vous, dont je vois l’amour quand j’en craignais la haine,
Vous, qui m’avez livré mon secret ennemi,
Ne soyez point vers moi fidèles à demi,
Résolvez avec moi des moyens de sa perte :
La ferons-nous secrète ou bien à force ouverte ?
Prendrons-nous le plus sûr ou le plus glorieux ?

Exupère

Seigneur, n’en doutez point, le plus sûr vaut le mieux,
Mais le plus sûr pour vous est que sa mort éclate,
De peur qu’en l’ignorant le peuple ne se flatte,
N’attende encor