Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/217

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Exupère

Ah ! Souvenez-vous mieux des désordres qu’enfante
Dans un peuple sans chef la première épouvante.
Le seul bruit de ce prince au palais arrêté
Dispersera soudain chacun de son côté ;
Les plus audacieux craindront votre justice,
Et le reste en tremblant ira voir son supplice.
Mais ne leur donnez pas, tardant trop à punir,
Le temps de se remettre et de se réunir,
Envoyez des soldats à chaque coin des rues,
Saisissez l’Hippodrome avec ses avenues,
Dans tous les lieux publics rendez-vous le plus fort.
Pour nous, qu’un tel indice intéresse à sa mort,
De peur que d’autres mains ne se laissent séduire,
Jusques à l’échafaud laissez-nous le conduire.
Nous aurons trop d’amis pour en venir à bout ;
J’en réponds sur ma tête, et j’aurai l’œil à tout.

Phocas

C’en est trop, Exupère. Allez, je m’abandonne
Aux fidèles conseils que votre ardeur me donne.
C’est l’unique moyen de dompter nos mutins
Et d’éteindre à jamais ces troubles intestins.
Je vais sans différer, pour cette grande affaire,
Donner à tous mes chefs un ordre nécessaire.
Vous, pour répondre aux soins que vous m’avez promis,
Allez de votre part assembler vos amis,
Et croyez qu’après moi, jusqu’à ce que j’expire,
Ils seront, eux et vous, les maîtres de l’empire.