Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/237

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Son amitié paraît si pure,
Que je ne saurais présumer
Si c’est par instinct de nature,
Ou par coutume de m’aimer.
Dans cette croyance incertaine,
J’ai pour lui des transports de haine
Que je ne conserve pas bien ;
Cette grâce qu’il veut me faire
Etonne et trouble ma colère,
Et je n’ose résoudre rien,
Quand je trouve un amour de père
En celui qui m’ôta le mien.
Retiens, grande ombre de Maurice,
Mon âme au bord du précipice
Que cette obscurité lui fait,
Et m’aide à faire mieux connaître
Qu’en ton fils Dieu n’a pas fait naître
Un prince à ce point imparfait,
Ou que je méritais de l’être
Si je ne le suis en effet.
Soutiens ma haine qui chancelle,
Et redoublant pour ta querelle
Cette noble ardeur de mourir,
Fais voir… Mais il m’exauce, on vient me secourir.