Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Phocas, à Pulchérie.

Cette confusion peut perdre l’un et l’autre:
En faveur de mon sang je ferai grâce au vôtre,
Mais je veux le connaître, et ce n’est qu’à ce prix
Qu’en lui donnant la vie il me rendra mon fils.

à Héraclius.

Pour la dernière fois, ingrat, je t’en conjure,
Car enfin c’est vers toi que penche la nature
Et je n’ai point pour lui ces doux empressements
Qui d’un cœur paternel font les vrais mouvements.
Ce cœur s’attache à toi par d’invincibles charmes.
En crois-tu mes soupirs ? En croiras-tu mes larmes ?
Songe avec quel amour mes soins t’ont élevé,
Avec quelle valeur son bras t’a conservé ;
Tu nous dois à tous deux.

Héraclius

Et pour reconnaissance
Je vous rends votre fils, je lui rends sa naissance.

Phocas

Tu me l’ôtes, cruel, et le laisses mourir.

Héraclius

Je meurs pour vous le rendre, et pour le secourir.

Phocas

C’est me l’ôter assez que ne vouloir plus l’être.

Héraclius

C’est vous le rendre assez que le faire connaître.

Phocas

C’est me l’ôter assez que me le supposer.

Héraclius

C’est vous le rendre assez que vous désabuser.

Phocas

Laisse-moi mon erreur, puisqu’elle m’est si chère.
Je t’adopte pour fils, accepte-moi pour père,
Fais vivre Héraclius sous l’un ou l’autre sort;