Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/245

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Et de quelque façon que le courroux des cieux
Me prive d’un ami qui m’est si précieux,
Je vengerai sur vous, et fussiez-vous mon père,
Ce qu’aura fait sur lui leur injuste colère.

Phocas

Ne crains rien : de tous deux je ferai mon appui ;
L’amour qu’il a pour toi m’assure trop de lui ;
Mon cœur pâme de joie, et mon âme n’aspire
Qu’à vous associer l’un à l’autre l’empire.
J’ai retrouvé mon fils ! Mais sois-le tout à fait,
Et donne-m’en pour marque un véritable effet ;
Ne laisse plus de place à la supercherie :
Pour achever ma joie, épouse Pulchérie.

Héraclius

Seigneur, elle est ma sœur.

Phocas

Tu n’es donc point mon fils,
Puisque si lâchement déjà tu t’en dédis ?

Pulchérie

Qui te donne, tyran, une attente si vaine ?
Quoi ! Son consentement étoufferait ma haine !
Pour l’avoir étonné tu m’aurais fait changer !
J’aurai pour cette honte un cœur assez léger !
Je pourrai épouser ou ton fils ou mon frère !



Scène IV


Phocas, Héraclius, Pulchérie, Martian, Crispe, Gardes


Crispe

Seigneur, vous devez tout au grand cœur d’Exupère ;