Un généreux conseil est un puissant secours.
Il n’est point de conseil qui vous soit salutaire
Que d’épouser le fils pour éviter le père :
L’horreur d’un mal plus grand vous y doit disposer.
Qui me le montrera, si je veux l’épouser ?
Et dans cet hyménée, à ma gloire funeste,
Qui me garantira des périls de l’inceste ?
Je le vois trop à craindre et pour vous et pour nous.
Mais, Madame ; on peut prendre un vain titre d’époux,
Abuser du tyran la rage forcenée,
Et vivre en frère et sœur sous un feint hyménée.
Feindre et nous abaisser à cette lâcheté !
Pour tromper un tyran, c’est générosité,
Et c’est mettre, en faveur d’un frère qu’il vous donne,
Deux ennemis secrets auprès de sa personne,
Qui, dans leur juste haine animés et constants,
Sur l’ennemi commun sauront prendre leur temps,
Et terminer bientôt la feinte avec sa vie.
Pour conserver vos jours et fuir mon infamie,
Feignons, vous le voulez, et j’y résiste en vain.
Sus donc, qui de vous deux me prêtera la main ?
Qui veut feindre avec moi ? Qui sera mon complice ?
Vous, Prince, à qui le ciel inspire l’artifice.
Vous, que veut le tyran pour fils obstinément.