Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Souvent dans un tel choix nous défend de nous croire,
Jette sur nos désirs un joug impérieux,
Et dédaigne l’avis et du cœur et des yeux.
Qu’on ouvre. Juste ciel, vois ma peine, et m’inspire
Et ce que je dois faire, et ce que je dois dire.



Scène 3



DONA ISABELLE

Avant que de choisir je demande un serment,
Comtes, qu’on agréera mon choix aveuglément ;
Que les deux méprisés, et tous les trois peut-être,
De ma main, quel qu’il soit, accepteront un maître ;
Car enfin je suis libre à disposer de moi ;
Le choix de mes états ne m’est point une loi ;
D’une troupe importune il m’a débarrassée,
Et d’eux tous sur vous trois détourné ma pensée,
Mais sans nécessité de l’arrêter sur vous.
J’aime à savoir par là qu’on vous préfère à tous ;
Vous m’en êtes plus chers et plus considérables :
J’y vois de vos vertus les preuves honorables ;
J’y vois la haute estime où sont vos grands exploits ;
Mais quoique mon dessein soit d’y borner mon choix,
Le ciel en un moment quelquefois nous éclaire.
Je veux, en le faisant, pouvoir ne le pas faire,
Et que vous avouiez que pour devenir roi,
Quiconque me plaira n’a besoin que de moi.

DOM LOPE

C’est une autorité qui vous demeure entière ;
Votre état avec vous n’agit que par prière,
Et ne vous a pour nous fait voir ses sentiments