Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/481

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Qu’il l’amenait ici reconnaître sa mère.
Hélas ! Que c’est en vain que mon amour l’espère !
À ma confusion ce bruit s’est éclairci;
Bien loin de l’amener, ils le cherchent ici:
Voyez quelle apparence, et si cette province
A jamais su le nom de ce malheureux prince.

DOM LOPE

Si vous croyez au nom, vous croirez son trépas,
Et qu’on cherche Dom Sanche où Dom Sanche n’est pas ;
Mais si vous en voulez croire la voix publique,
Et que notre pensée avec elle s’explique,
Ou le ciel pour jamais a repris ce héros,
Ou cet illustre prince est le vaillant Carlos.
Nous le dirons tous deux, quoique suspects d’envie,
C’est un miracle pur que le cours de sa vie.
Cette haute vertu qui charme tant d’esprits,
Cette fière valeur qui brave nos mépris,
Ce port majestueux, qui tout inconnu même,
A plus d’accès que nous auprès du diadème ;
Deux reines qu’à l’envi nous voyons l’estimer,
Et qui peut-être ont peine à ne le pas aimer;
Ce prompt consentement d’un peuple qui l’adore:
Madame, après cela j’ose le dire encore,
Ou le ciel pour jamais a repris ce héros,
Ou cet illustre prince est le vaillant Carlos.
Nous avons méprisé sa naissance inconnue ;
Mais à ce peu de jour nous recouvrons la vue,
Et verrions à regret qu’il fallût aujourd’hui
Céder notre espérance à tout autre qu’à lui.

DONA LÉONOR

Il en a le mérite et non pas la naissance ;