Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/533

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Que Rome vous permet cette haute alliance,
Dont vous aurait exclu le défaut de naissance,
Si l’honneur souverain de son adoption
Ne vous autorisait à tant d’ambition.
Forcez, rompez, brisez de si honteuses chaînes ;
Aux rois qu’elle méprise abandonnez les reines,
Et concevez enfin des vœux plus élevés,
Pour mériter les biens qui vous sont réservés.

Attale. Si cet homme est à vous, imposez-lui silence,
Madame, et retenez une telle insolence.
Pour voir jusqu’à quel point elle pourrait aller,
J’ai forcé ma colère à le laisser parler ;
Mais je crains qu’elle échappe, et que, s’il continue,
Je ne m’obstine plus à tant de retenue,

Nicomède. Seigneur, si j’ai raison, qu’importe à qui je sois ?
Perd-elle de son prix pour emprunter ma voix ?
Vous-même, amour à part, je vous en fais arbitre.
Ce grand nom de Romain est un précieux titre :
Et la reine et le roi l’ont assez acheté
Pour ne se plaire pas à le voir rejeté,
Puisqu’ils se sont privés, pour ce nom d’importance,
Des charmantes douceurs d’élever votre enfance.
Dès l’âge de quatre ans ils vous ont éloigné
Jugez si c’est pour voir ce titre dédaigné,
Pour vous voir renoncer, par l’hymen d’une reine,
A la part qu’ils avaient à la grandeur romaine.
D’un si rare trésor l’un et l’autre jaloux…

Attale.