Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/558

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Scène IV

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Prusias, Flaminius, Araspe
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Flaminius. Hé quoi ! toujours obstacle !

Prusias. De la part d’un amant ce n’est pas grand miracle.
Cet orgueilleux esprit, enflé de ses succès,
Pense bien de son cœur nous empêcher l’accès ;
Mais il faut que chacun suive sa destinée.
L’amour entre les rois ne fait pas l’hyménée ;
Et les raisons d’Etat, plus fortes que ses nœuds,
Trouvent bien les moyens d’en éteindre les feux.

Flaminius. Comme elle a de l’amour, elle aura du caprice.

Prusias. Non, non ; je vous réponds, seigneur, de Laodice.
Mais enfin elle est reine ; et cette qualité
Semble exiger de nous quelque civilité.
J’ai sur elle, après tout, une puissance entière,
Mais j’aime à la cacher sous le nom de prière.
Rendons-lui donc visite ; et, comme ambassadeur,
Proposez cet hymen vous-même à sa grandeur.
Je seconderai Rome, et veux vous introduire.
Puisqu’elle est en nos mains, l’amour ne nous peut nuire.
Allons de sa réponse à votre compliment
Prendre l’occasion de parler hautement.